« – Que peut préférer l’âme au bonheur ? m’écriai-je impétueusement. Elle murmura : – La sainteté… ».
Pris dans un triangle amoureux complexe, Jérôme, Alissa et Juliette sont en proie au déchirement spirituel entre raison et passion, égoïsme et abnégation. Après L’Immoraliste, qui explore la tentation des sens et les dangers de l’individualisme, le deuxième volet du diptyque gidien met en scène le renoncement douloureux à l’éros et au bonheur terrestre.
Né en 1869, Gide grandit dans un puritanisme rigide ; l’influence de l’Evangile pèsera dans sa vie comme dans son œuvre. Jérôme, son narrateur, héros tragique et avatar ambigu, fait le choix de la « porte étroite » qui conduit au Salut, mais la quête de pureté absolue s’avère à bien des égards chimérique et mortifère. Présenté comme un simple recueil de souvenirs, le récit mêlant fiction et autobiographie met en exergue les contradictions d’un écrivain tiraillé entre inquiétude mystique et révolte contre la morale bourgeoise.